L’ enquête se déplace alors en Charente. Bingo! c’est à Roullet qu’ils convolent le 26 février 1881. Née à Roullet le 10 novembre 1861 elle demeure alors à Nersac où elle n’est pas encore couturière mais « tailleuse en robes ». Le mari né le 10 février 1849 à Chasseneuil-sur-Bonnieure au Nord d’Angoulême, a migré près de Roullet puisqu’il s’est établi cultivateur à La Couronne. Le mariage leur donne des ailes et on finit par les retrouver à Saint-Pierre-d’Aurillac en 1891. La famille compte à ce moment-là, trois enfants:
1. Emile, né le 7 janvier 1882 à Bordeaux,
2. Marie, née en 1884 ou1885, on ne sait pas où
3. Henri, le futur poilu, né le 23 mars 1886 à Chasseneuil-sur-Bonnieure, comme papa

Papa Louis est toujours cultivateur et maman Eugénie est maintenant couturière. A Saint-Pierre, elle met au monde le 10 juin 1891 des jumeaux, Lucie et Lucien qui meurent dès le mois d’octobre suivant , puis une fille , Marie-Louise, le 4 mars 1894 qui est aussi notre mariée de 1914. La famille s’agrandit encore mais on ne fête guère la naissance du petit Jean le 4 février 1895 car il décède au bout de 2 jours.


Les temps sont durs. L’ainé Emile meurt le 26 juillet 1896, à l’âge de 14 ans . Et en cette même année, le recenseur ne trouve plus au foyer qu’Eugénie avec sa fille Marie-Louise âgée de 2 ans. Le mari Louis Chabannes, la fille Marie et le fils Henri se sont envolés.
Quelques années plus tard, en 1906 nous retrouvons Henri en Charente où il est cultivateur à Bessac . Jugé bon pour le service , il est affecté à partir du 1er octobre 1907 au 107ème Régiment d’infanterie. Après quelques exploits violents, il passe en Conseil de Guerre où il écope de 2 ans de prison avec sursis; il est envoyé au 100ème RI pour faire un peu de rab. Il est libéré en décembre 1909.
Le retour à la vie civile n’est pas simple, il change 9 fois d’adresse avant sa mobilisation et n’oublie pas de se faire condamner par le tribunal de Cognac en 1911 pour vol et vagabondage.
En août 1914, l’armée le rappelle et il rejoint un nouveau régiment, le 308ème RI à Bergerac.
Ce régiment est à Arras le 26 août. Attaqué par l’armée allemande , il fait retraite vers le Sud en passant par Bapaume et Péronne. En quelques jours, le régiment perd 748 soldats, sous-officiers et officiers sur 2200 hommes au départ. Au cours de cette retraite, Henri est porté disparu le 28 août 1914 à Moislains dans la Somme. Le décès est officialisé par jugement du tribunal de Barbezieux le 12 mai 1921 et doit être transcrit sur les registres de la mairie de Bessac. Le nom d’Henri Chabannes figure d’ailleurs sur le monument aux morts de cette commune, comme sur le nôtre, sans doute à la demande de sa mère, qui, on l’a vu, habitait toujours Saint-Pierre.

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